Comment suis-je devenue une femme déterminée ?

Je n’ai pas choisi d’être déterminée. Je n’ai d’ailleurs pas vraiment choisi d’être une femme, non plus. Quoique ! Je suis effectivement devenue une femme déterminée par la force des choses. Pendant des années, j’ai eu cette croyance que le fait d’être une femme noire venant d’un milieu modeste était un vrai handicap (sans considérer le fait d’avoir voulu être ingénieur sans sortir d’une école). Aujourd’hui, je dirai que ces handicaps ont été de véritables atouts.

Une femme qui ne ne lâche rien

Toute ma jeunesse, ma mère me rappelait que je devais faire 2 à 3 fois plus que les autres. Elle n’avait pas tort. Avec du recul, je me demande tout de même qui étaient les autres. Les hommes ? Les blancs ? Les gens aisés ? J’avoue que je n’ai jamais vraiment su. Quel que soit le cas, j’ai le sentiment de mettre battue toute ma jeunesse. Et je dois dire que j’y ai mis toute mon énergie. Les choses changent et aujourd’hui, je ne cesse de me dire : « quelle chance ai-je eu d’être une femme noire ayant vécu dans un milieu modeste ! ». Car grâce à ça, je suis devenue une femme déterminée.

Et la chance dans tout ça ?

Il faut dire que j’ai eu une chance incroyable. Ou ai-je provoqué la chance ? Personne ne saura. Quelle que soit l’option, je sais que j’ai eu la chance de croiser le chemin de personnes qui ont cru en moi. Les premières ont été mes parents et la dernière a été mon mari. Outre ces 2 rencontres, j’ai eu ma superbe prof de math au collège et des amis qui le sont encore aujourd’hui. Toutes ces personnes m’ont permis de croire que tous mes rêves étaient possibles et atteignables. Ainsi, quand je ne pouvais pas rentrer par la porte, je rentrais par la fenêtre. Et oui, j’ai eu parfois à contourner les obstacles mais je n’ai jamais changé de cible. C’est pour moi la doctrine de Napoléon Hill. Rester déterminée !! Et surtout ne rien lâcher.

La couleur de peau, un handicap ?

Si je devais écrire un roman sur chacun de mes boulets, je dirais que celui traitant de ma condition de femme serait dix fois plus épais que celui concernant ma couleur de peau. Je ne pourrai pas dire que le fait d’être noire n’ait pas été handicapant. Cependant à mes yeux cet handicap de couleur a été et est toujours moins important que celui d’être une femme.

En fait, je dois quand même mettre un peu de nuances dans mes propos. Au début d’une rencontre, les gens me voient « noire » et aiment me demander d’où je viens. Je réponds souvent que je viens de Paris 17ème car j’ai besoin de rectifier la question « Vous souhaitez savoir quelles sont mes origines ? ». Oui car je ne peux pas vraiment cacher que je ne suis pas issue d’une lignée aristocratique (lol).

Quoi ? Je suis noire ?

Ce qui est plutôt positif est qu’au fil des mois et années, les personnes ne voient plus la femme noire mais juste La touloulou. D’ailleurs cela me rappelle une anecdote que j’ai eu au début de ma carrière dans Le Grand Groupe (LGG). J’étais au café avec d’autres collègues. Et d’un coup, une d’entre elles s’est exclamée : « mais il y a une recrudescence de noirs chez LGG. C’est vraiment incroyable ! ». Figurez-vous que ma collègue avait oublié que j’étais noire.

Dans ce type de situation, 2 options s’offrent à vous. Soit vous vous énervez soit vous faites une blague « éthiquement » limite. Alors j’ai choisi la deuxième option et j’ai fait une blague qui l’a un peu déconcertée. En effet, je rétorque avec beaucoup d’aplomb : « C’est vrai qu’il y a beaucoup de noirs et d’ailleurs je trouve qu’ils viennent vraiment nous emmerder ». Si vous aviez vu sa tête. La bonne nouvelle est que tous les autres collègues étaient outrés. Néanmoins j’ai apprécié qu’elle revienne en discuter. Elle ne comprenait pas pourquoi les gens n’osaient pas dire que j’étais noire. Ça se voit pourtant, me disait-elle. J’ai écouté attentivement tous ses arguments et c’est elle qui a simplement conclu d’un air penaud : « En fait, je ne vois pas que tu es noire mais je vois que tu es La touloulou ».

Aurais-je été si déterminée si j’avais été un homme blanc d’un milieu aisé ?

Je me pose sans cesse la question. Je pense que si nous avons un des 3 handicaps, cela nous donne une bonne raison de se battre. Mais si j’avais été un homme blanc venant d’un milieu aisé, n’aurais-je pas considéré les choses comme acquises. Allez, jouons un peu. Je me projette comme Florence Foresti dans la peau de cet homme.

Quand je rentrerais dans une pièce, je ne serais pas jugée par ma tenue vestimentaire. Il faut savoir que je ne m’habille qu’en robe et jupe. Donc forcément ça n’aide pas ! Est-ce de la provocation ? Un peu, je pense. Quand j’ouvrirais la bouche, on m’écouterait car ce que je dirais serait forcément intéressant. Mon public rirait de mes blagues graveleuses à gorge déployée. Et oui, bizarrement quand je fais ce type de blagues en tant que La touloulou, je n’ai pas le même accueil. Généralement on pense que mon objectif est d’abord de choquer.

Et puis, si une promotion professionnelle est dans l’air, elle serait forcément pour moi. J’aurais moins de 50% des compétences et pourtant j’oserais postuler comme si je les possédais toutes. Et le pire, c’est que je l’aurais eu ce poste ! Une question me taraude : Et si je gardais cet état d’esprit dans le corps de La touloulou, les autres pourraient-ils me voir ainsi ?

Recherche désespérément des inspirations féminines 

Quand j’étais jeune, j’étais à la recherche de femmes noires auxquelles je pouvais m’identifier. Pas facile quand vous êtes une jeune femme noire avec de l’ambition, des rêves plein la tête et que vous avez un besoin irrépressible de vous identifier à des femmes noires ayant du succès.

J’avais effectivement besoin d’idoles qui seraient des femmes noires ambitieuses, intelligentes, instruites et qui me feraient ainsi rêver. Malheureusement je n’en ai pas trouvé. Mon seul souvenir était la série américaine, Le prince de Bel-Air avec Will Smith. Je n’ai d’ailleurs raté aucun épisode et je courais à la sortie du bus scolaire pour ne pas rater le début. Même si j’admirais énormément ce grand noir, ce n’était pas une femme !

Mes inspirations de femmes déterminées

J’admire Michelle Obama pour son aura, sa posture et son intelligence. Même si beaucoup pensent qu’elle n’est que la femme du président, je suis une de ses plus grandes fans. Il suffit de lire son livre pour découvrir qu’elle n’est pas que la première dame. De toute façon, nous savons bien que les hommes sont grands seulement si une grande dame est à leurs côtés. N’est-ce pas Mr Macron ?

J’admire l’éloquence et le pouvoir des mots de Christiane Taubira. En l’écoutant cet été dans le podcast « femmes puissantes », je me suis rendue compte que j’adorerai la rencontrer.

Dans un tout autre registre, je suis une fan de Florence Foresti. J’adore cette féministe non déclaré qui mêle humour, perfectionnisme et qui gère sa carrière d’une main de maître. Ses sketches sur les mamans m’inspirent énormément.

J’ai besoin de votre aide

Aujourd’hui, j’ai besoin de me constituer mon conseil imaginaire qui m’aidera à résoudre mes problèmes complexes et m’accompagnera pour assouvir mes ambitions. Voici les qualités qu’elles doivent avoir pour que je puisse les embaucher : ce sont des femmes fortes et puissantes. Elles ont une certaine notoriété. Elles sont reconnues pour leurs parcours exceptionnels ou elles ont dû mener de front leur vie privée et professionnelle. Pourriez-vous me faire des suggestions car un conseil avec 4 membres ce n’est vraiment pas suffisant ?

« Tu as un rêve, tu dois le protéger. Ceux qui en sont incapables te diront que tu en es incapable. Si tu veux quelque chose, bats-toi. Point final » Will Smith

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